262 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE,
procher, il est possible de se faire du talent de cet
artiste une juste idée. Geoffroy Tory, de Bourges,
auquel M. Auguste Bernard a consacré une mono-
graphie très-complète, fut à la tête d'une école
de graveurs, et toutes les planches sorties de son
atelier se reconnaissent à une double croix qui
en est, pour employer une expression moderne,
la marque de fabrique. Le maitre travaillait lui-
même. Cependant, le plus souvent il n'employa
pas d'autre signe que celui commun à tout l'ate-
lier ; il espérait sans doute que la facon particu-
lière dont il attaquait le bois suffirait bien à em-
pécher que ses ouvrages ne fussent confondus
avec ceux de ses élèves. Il n’est pas très-difficile,
en effet, de retrouver Geoffroy Tory dans un cer-
tain nombre de planches marquées seulement de
la croix de Lorraine, et qui, à n’en pas douter, ont
passé par ses mains. En prenant pour base les
Heures de la Vierge, publiées en 1524 par Simon
de Colines, et signées en toutes lettres : Geoffroy
Tory, on est certain de ne pas se tromper. Le
dessin des ornements et des figures accuse un ar-
tisle au courant de toutes les ressources de l’art :
le bois coupé avec. timidité suit toujours le sens
de la forme ; mille petites tailles interrompues, en
attestant l’inexpérience de l’artiste, témoignent
aussi de sa volonté formelle de ne point s’écarter
des contours tracés; le goût des arabesques est
puisé aux sources les plus pures, et se ressent de