LA GRAVURE EN FRANCE. 2,7
Bonnemer, Germain Hoyau, Nicolas Prevost, Fran-
cois de Gourmond ; ceux-la et quelques autres en-
core doivent étre considérés non-seulement comme
des marchands d'estampes vendant les ceuvres
d'autrui, mais aussi comme des artistes qui, ne
se contentant pas de diriger un atelier, prenaient
part au travail et payaient d'esemple. Malheureu-
sement le besoin de produire vite ne fut point favo-
rable à ces estampes ; on y retrouve un souvenir de
l'art francais du seiziéme siécle, si élégant et si
spirituel, mais souvenir loinlain et bien affaibli ;
elles sont exécutées d’une façon lourde et souvent
trés-négligée. A travers l'exécution prompte du
graveur on discerne parfois, cependant, un dessin
qui dénote un goüt excellent et une incontestable
habileté. Mais du moment oü le commerce s'en
empare et l'envahit, la gravure sur bois pratiquée
avec succès en France pendant plus d’un siècle,
disparait tout à fait, pour ne plus se manifester
qu'après deux siècles d’oubli total, c’est-à-dire de
notre temps, lorsque des publications pittoresques
s'imposérent au public, lequel, soit dit en passant,
ne tarda pas & montrer des exigences dont on ne
l'avait pas d'abord cru capable. Au dix-huitiéme
siécle, les travaux de Papillon, l'historien un peu
diffus de la gravure sur bois, n'avaient point eu
d'influence; on s’en était peu occupé. Du reste,
en bonne conscience, sa pratique lourde et mono-
tone, les dessins médiocrement spirituels qu’il