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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE,
des sens différents. Tout le.monde est d’ailleurs
d'accord pour reconnaître qu’il y a peu d’exemples
qu'au quinzième siècle un seul artiste, quel que
fût son mérite, ait été soucieux de sa renommée
au point d'inscrire, au-dessous d'un de ses ou-
vrages, son nom en entier; les plus grands maîtres
plaçaient quelquefois, dans un angle de la plan-
che, leur monogramme ou une marque figurée ;
souvent méme ils ne se servaient d’aucun signe
qui pût les faire reconnaitre. On constate en outre
un travail assez divers dans ces estampes pour
qu il soit aisé de comprendre que le méme homme
n'a pas gravé toutes les planches exécutées par ce
procédé. Il y eut donc plusieurs graveurs qui
s’exercèrent à la manière criblée ; chacun y mit ce
qu’il put, ce dont il était capable, et, à défaut
d'une originalité véritable, ces planches montrent
tantôt plus, tantôt moins d’habileté, habileté rela-
tive, bien entendu, qui jamais n’a dépassé cette
limite difficile à déterminer que les véritables ar-
tistes seuls ont franchie.
Ce n'est pas encore par l'originalité que se font
remarquer les estampes qui ornent l'ouvrage de
Breydenbach intitulé : Des sainctes pérégrinations
de Jérusalem et des lieux circonvoisins. (Lyon. Mi-
chel Topie de Pymont et Jacques Heremberck, 4488.)
Elles reproduisent sur cuivre des estampes sur
bois publiées à Mayence deux ans auparavant, et
l'on y voit les panoramas de Venise, de Parenzo,