LA GRAVURE EN FRANCE. 291
les yeux ; si bien qu'à travers son travail apparait
toujours l’œuvre du peintre, œuvre sincère, dont
un des principaux mérites consiste à rendre avec
vérité la physionomie du modèle. Dans la série
nombreuse des portraits gravés par Thomas de
Leu, le choix est difficile. L’habileté de l’artiste
est presque constamment la même, l’œuvre ne
trahit que de rares faiblesses, et tous les por-
traits de Thomas de Leu se distinguent par une
grande recherche de la physionomie et une re-
marquable certitude de dessin. Ainsi les portraits
de Pierre de Brach et de Barnabé Brisson ne sont
point supérieurs à ceux de Gabrielle d’Estrées ou
d'Antoine Caron ; la finesse de l'expression fait es-
timer les uns autant que les autres, et la propreté
du burin est égale partout. À ses débuts, Thomas
de Leu s’était laissé dominer par les compositions
emphatiques et le burin monotone des Wierix, fai-
sant, il est vrai, son profit des excellents portraits
gravés par ces artistes, mais s’assimilant avec le
même serupule ce que leurs œuvres pouvaient
contenir de bon et de mauvais. Heureusement en
abandonnant bien vite la reproduction des sujets
ascétiques, il montra combien la nature avait pour
lui plus d’attrait que des compositions médiocres.
et lorsqu’il se trouva en présence de la figure hu-
maine, qu’il la vit directement ou par l’intermé-
diaire des maîtres que nous avons nommés plus
haut, il manifesta un talent que sont bien loin de