LA GRAVURE EN FRANCE, 515
prendre, un peu exageree. Laurent de la Hyre et
Francois Chauveau ne resisterent pas davantage à
linfluence du maitre tout-puissant. I's s’affran-
chirent un peu cependant du joug qui pesait sur
l'école francaise, et leur indépendance se mani-
festa dans quelques planches, gravées avec une
élégance exagérée, qui nous reporte à l'école de
Fontainebleau ; l'un et l'autre employérent l'eau-
forte, et si Laurent de la Hyre disposa d'une pointe
un peu séche et quelquefois trop fine, Chauveau,
au contraire, entamait le cuivre avec une vigueur
trop marquée. Il gaspille, d’ailleurs, son talent
au service d'éditeurs avides d'exploiter sa très-
réelle facilité, attentifs à le faire beaucoup pro-
duire au lieu de lui demander de bons ouvrages,
travaillés avec soin et réflexion.
Tandis que la gravure francaise prenait à Paris,
sous le régne de Louis XIII, uneallure dégagée et
tout à fait personnelle, un mouvement analogue
se produisait dans les provinces sur tous les points
de la France ; en effet, on rencontre des graveurs
qui, à défaut d’un dessin bien pur, d’un sentiment
élevé de l’art, eurent une originalité très-apprécia-
ble. A Tours, Claude Vignon grava un assez grand
nombre de planches, qui se font remarquer par
le charme de la pointe, sinon parle goüt et le style.
A Nancy, Jacques Bellange poussa l'exagération
jusqu'à ses derniéres limites, mais sa maniére de
graver était trés-souple et particulièrement agréa-