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LA GRAVURE EN FRANCE. 315
loux de se perfectionner, éprouvant le besoin de
visiter l'Italie, ce grand et inépuisable foyer des
arts, allèrent à Rome étudier les chefs-d’œuvre
de l’antiquité et de la Renaissance, témoignages
encore debout d'une grandeur disparue. La
plupart y séjournèrent plusieurs années; quel-
ques-uns même s’y fixèrent tout à fait, et de ces
derniers fut le plus grand artiste que la France
ait vu naître, l'immortel Nicolas Poussin. Le pein-
tre échappe ici, il est vrai, à notre appréciation,
cependant les qualités qui le distinguent ont été
traduites avec une telle vérité par certains gra-
veurs qu’on pourrait, ce qui pour tout autre ar-
tiste serait, à notre avis, impraticable, rien qu’en
examinant des estampes exécutées d’après ces
célèbres compositions, se former une idée juste,
complète et définitive de son talent. C'est que la
beauté de ses œuvres réside dans l’ordonnance et
le style des figures, la grandeur des lignes et l’ex-
pression des gestes et des visages bien plus que
dans la facture ou le coloris. Et puis ne sait-on
pas que la préparation rouge des toiles dont se
servait le maître a terriblement compromis les
couleurs et déterminé à la longue l'aspect sombre,
lourd et triste, qui leur est propre aujourd’hui?
Or le graveur n’avait point à lutter avec les tons,
puisqu'il ne peut, à l'aide de noir et de blanc,
qu’exprimer une harmonie générale ; il nous a
donc transmis les compositions du maître sans la