516 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
fácheuse teinte obscure, qui souvent empêche de
les saisir dans leur ensemble, et à cause de cela
il nous les fait mieux connaitre dans leur véritable
esprit, dans leur sentiment exact. Jean Pesne se
voua à la reproduction des œuvres du Poussin,
rendant au maître français le même bon office,
qu’autrefois Marc-Antoine avait rendu à Raphaël;
avec cette différence cependant qu’il travailla d’a-
près des peintures, tandis que le graveur bolonais
reproduisit seulement des dessins. Gravant sous
les yeux du peintre, docile à ses conseils, instruit
de toutes les ressources de son art, il obtint avec
l'unique secours de la pointe d'excellents résul-
tats. Libre et sûr, son travail est exempt de pé-
dantisme ; il ne sent jamais la gêne. Pas plus
embarrassé sur le cuivre que sur le papier, Jean
Pesne prouva une fois de plus que le meilleur
graveur est, en réalité, celui qui sait le mieux
dessiner, et grâce à lui, l’œuvre du Poussin nous
apparaît dans toute sa majestueuse beauté. N'ou-
blions pas de faire remarquer aussi que les sujets
de la nature la plus diverse l'inspirérent égale-
ment bien. Qu'il interpréte les Sept Sacrements,
le Ravissement de saint Paul, ou bien qu'il grave
le Triomphe de Galatée, jamais il ne semble infé-
rieur à son modèle. Toujours préoceupé de la
forme correcte des figures ou des objets, il arrive,
par la précision et la justesse de son dessin, à
retracer fidèlement la peinture qu’il a sous les