LA GRAVURE EN FRANCE. 359
desquelles assurément un rare talent a été déployé,
que l’on a sous les yeux la planche de métal elle-
même avec ses saillies et ses creux brillants.
G. F. Schmidt joignait aux mémes qualités d'ex-
cellent buriniste les mémes défauts. Plusieurs
pièces de son œuvre justifient la renommée qui
entoure son nom.
Deux frères, Pierre Charles et François Robert
Ingouf s’associèrent pour graver une longue suite
de portraits; mais cette collection ne témoigne ni
de beaucoup d'originalité, ni d’un grand talent
d’exécution. Charles-Nicolas Cochin (Paris, 1715-
1788) fit les portraits de presque tous les hommes
considérables de son temps ; il les représentait de
profil dans des médaillons ronds ; malgré le soin
que mettait l’artiste à accentuer chaque physiono-
mie, il plane sur cet ensemble de visages tous
coiffés pareillement, une monotonie fatigante, qui
empêche d'estimer l’œuvre à sa juste valeur. Les
estampes d'Étienne Ficquet, de Pierre Savart et de
Jean-Baptiste Grateloup sont à la gravure de por-
traits ce que la miniature est à la peinture d'his-
toire. Ces artistes gravaient à l’aide d’une loupe
extrêmement grossissante de très-jolis portraits,
de nos jours fort recherchés. Fiequet, le plus
habile des trois, nous a laissé de Moliére, de la
Fontaine, de Corneille et de Boileau, des effigies
très-estimables. Comme tous les élèves, P. Savart
ne put parvenir à la finesse des œuvres de Fiequet,