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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
gravérent quelquefois eux-mémes des planches fort
capables de renseigner complétement surle goüt de
l'époque. Nous n'avons pas ici à entretenir le lec-
teur de la singulière tendance du dix-huitième siè-
cle à contourner à l’excès les moindres moulures,
et de la haine de la ligne droite, qui est comme un
des signes distinctifs de l'art à cette époque; ce que
nous devons dire cependant, c'est que, à défaut
d'un goüt véritable et d'une grande recherche de
la simplicité, les architectes possédaient à fond
l'entente de la décoration et les artistes qui vien-
nent d’être cités ont donné dans leurs ouvrages
une idée fort exacte et trés-compléte d'un art dont
ils étaient au surplus les plus habiles représen-
tants.
Ce n'est pas sans dessein que nous n'avons point
parlé de Jean-Baptiste Greuse en méme temps que
de Watteau, de Lancret, de Pater et de Chardin.
Ce peintre, dont les ceuvres, les portraits exceptés,
sont toujours théátrales et souvent boursouflées,
ne se rattache que trés-indirectement à l'école en
vogue au dix-huitiéme siécle. Il chercha et trouva
dans la vie domestique ses meilleures composi-
tions; mais qu'il s'agisse de la Malédiction pater-
nelle ou de Y Accordée de village, de la Lecture de
la Bible ou du Paralytique servi par ses enfants,
il nous semble toujours à côté de son sujet. À quoi
nous fait-il assister, en effet? A des scènes de
pur mélodrame ; et l’on aura beau dire, le carac-