568 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
ployérent, le plus souvent, un procédé expéditif
qui consistait à tracer à l'eau-forte les contours
des figures ou des objets qu'ils voulaient repré-
senter et à confier le reste de la besogne à des co-
loristes de profession qui couvraient de tons plats
chaque épreuve. On pense bien que l'art n'a rien
à voir dans ces images grossières. Au contraire,
l’historien , curieux des moindres actes d'une
grande nation qui se transforme, les consulte avec
fruit. Dans ce genre d'estampes, deux ou trois
artistes s'élevérent au-dessus de leurs émules et
méme firent acte de talent. Duplessis-Bertaux, que
ses contemporains ne craignirent point de compa-
rer à Callot, grava une quantité prodigieuse de
scènes de la Révolution. Sa pointe est fine, sou-
vent spirituelle ; mais son aptitude particulière fut
d’agencer facilement les compositions les plus
compliquées ; car, lorsqu'il voulut s'attaquer à des
figures de plus grandes dimensions que de cou-
tume, sa verve s’évanouit et son dessin devint
lourd et fort incorrect. Par ce côté, il se rattache
aux graveurs de vignettes, ses prédécesseurs, qui
s'entendaient à composer un ensemble harmonieux
plutót qu'à soigner beaucoup le dessin de chaque
personnage.
Des graveurs de la Révolution, Louis-Philibert
Debucourt (1755-1832) est le plus habile. Pendant
les années qui précédèrent ou suivirent la mort de
Louis XVI, il grava en couleur la Promenade du :