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LA GRAVURE EN FRANCE. 371
etil n'en fallut pas davantage pour qu'on délaissát
bientôt cette manière, dont la faveur, de la sorte,
fut seulement passagère.
Mais avant d'achever ce résumé de l’histoire de
la gravure en France, nous ne pouvons manquer
de parler d'un artiste qui grava, lui aussi, à l'eau-
forte et accapara deux graveurs fort habiles. Pierre-
Paul Prud'hon appartient au dix-neuvième siècle
autant qu’au dix-huitième. Il mit lui-même sur le
cuivre Phrosine et Mélidor, invention charmante
de son génie tendre et pénétrant. Dans cette es-
lampe, assurément, on trouve une grande inex-
périence de métier ; elle n’est pas d’un gra-
veur proprement dit, mais on y rencontre les
esquises qualités du peintre. Louis Copia et Bar-
thélemy Roger, qui gravèrent les ouvrages les plus
importants de Prud’hon, eurent le bonheur de
parfaitement interpréter tout ce qu’offrent d’élevé
et de suave les peintures du maître. Travaillant
sous les yeux de Prud’hon, attentifs à ses conseils,
subissant sa salutaire influence, ils se montrèrent
à la hauteur de leurs modèles ; et c’est grâce à
leurs estampes exécutées au burin et modelées à
l'aide d’un pointillé savant, que chacun peut ad-
mirer la Constitution française, l’Amour séduisant
l’Innocence, l’Innocence préférant l’Amour à la Ri-
chesse, la Soif de l’or et bien d’autres compositions,
non moins admirables, qui auraient couru risque,
si ces graveurs ne les avaient point reproduites,