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LA GRAVURE EN FRANCE.
Pierre-Alexandre Tardieu fit preuve d’un talent
presque aussi grand ; il acquit cependant moins
de réputation et ne forma qu’un petit nombre d’é-
lèves. Son chef-d’œuvre, le Portrait du comte
d’Arundel, d’après A. Van Dyck, doit être regardé
comme un des ouvrages les plus remarquables de
l’école française. Cette estampe, exéculée unique-
ment au burin, rend admirablement la couleur vive
et harmonieuse du grand peintre flamand, et les
procédés du graveur, pour obtenir ce résultat,
sontles mêmes qu’employait Gérard Édelinck dans
les superbes portraits qui seront toujours l’objet de
l'admiration générale. P. A. Tardieu grava, d'aprés
une peinture de David, aujourd'hui perdue ou tout
au moins soigneusement soustraite aux regards
du publie, une estampe qui nous permet de juger
de la composition du maitre. Nous voulons parler
du Lepelletier de Saint-Fargeau mort, peint pour
la salle des séances de la Convention. La plan-
che n'eut pas un sort meilleur que le tableau : elle
fut détruite avant d’être terminée ; mais les
très-rares épreuves qui ont échappé à la destruc-
tion mettent en mesure d’affirmer que le graveur
s’était montré à la hauteur de son modèle ; l’as-
pect général est triste, et le dessin précis du per-
sonnage étendu sur un lit atteste la science du
graveur. Une autre composition du même genre,
exécutée, celle-là aussi, par Louis David, pour la
Convention, Marat dans sa baignoire, fournit à An-