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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE,
enfin le blanc du papier était réservé pour les lu-
mières. Notons aussi que la seconde planche, à
l’aide de points de repère très-exacts, était im-
primée sur l'épreuve de la première. La première
planche imprimée seule donnait l’idée d’un des-
sin à la plume, mais, lorsque la seconde avait,
elle aussi, passé sous la presse, ce dessin à la
plume prenait l'aspect d'un dessin lavé.
Nous venons de voir l'opération avec deux
planches et trois tons : le contour, l'ombre et la
lumiére. C'est ainsi qu'on procéda à l'origine.
Mais, dans la suite, à l'aide d'un plus grand nom-
bre de planches, on put multiplier les teintes, et
obtenir ainsi de nombreuses dégradations de tons.
Toutefois deux planches suffisaient pour obtenir
ce que l'on est convenu d'appeler camaieu. Appli-
qué à ce genre de gravure, le mot camaieu, vient
de Camée, pierre à plusieurs couches superposées
et à plusieurs teintes dont la gravure antique a
fait un si fréquent et si remarquable emploi.
Gravure en taille-douce. — Le graveur en taille-
douce procède d’une façon diamétralement oppo-
sée à celle du graveur sur bois. Celui-ci laisse en
relief les traits qui devront s’aceuser en noir sur
l'épreuve ; au contraire, pour la taille-douce, les
traits sont gravés en creux sur la planche de métal,
et le papier humide, soumis à une forte pression,
va chercher l'enere au fond des tailles. La gravure