58 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
méme degré du moins. Au demeurant, Giulio Cam-
pagnola est un des premiers qui songèrent à tenir
compte en gravure de la couleur des tableaux. Il
est en même temps un de ceux qui introduisirent
dans la pratique cette façon de modeler par petits
points juxtaposés et diversement espacés qui peut
dans une certaine mesure faire pressentir l’inven-
tion future de la gravure à l’aquatinte.
La parenté de Dominique Campagnola avec
Giulio n’est pas bien établie ; néanmoins les deux
homonymes associèrent quelquefois leur talent.
Une planche, le Concert, montre, en effet, les deux
artistes se prêtant un mutuel concours, et un
dessin, Saint Jean-Baptiste, fournit un autre témoi-
gnage de cette collaboration. Le talent de Domi-
nique diffère cependant en plus d’un point de celui
de Giulio. Trop pressé de confier ses impressions
à la toile ou au métal, Dominique ne se préoccupe
pas assez de la correction des formes et ne prend.
nul souci de la beauté; sa verve l'emporte; bien
qu'il ait fréquenté l'atelier du Titien, à certaines
de ses ceuvres on le croirait de l'école d'un maitre
moins chátié, de Jacopo Robusti, dit le Tintoret ;
il exagère délibérément les contours, force les
mouvements et les expressions sous prétexte de les
mieux accuser. Quant à la jalousie que ses travaux
auraient inspirée à son maître, qu’on les examine
fi.
et l'historiette perdra toute vraisemblance. Dira-
t-on que ses paysages ont plus que ses autres pein-