LA GRAVURE EN ITALIE. 44
tures des rapports avecla maniére du Titien? Soit.
Mais suffiraient-ils à justifier la fameuse jalousie en
question? Nous ne le pensons pas. Chez Titien, le
paysage occupe sans doute une large place ; cepen-
dant le plus souvent il n'apparait que pour enca-
drer une composition accompagnée de figures ; à
tout considérer, il est dans l’ensemble des tableaux
du peintre un accessoire, et contribue en quelque
sorte accidentellement à sa renommée. Enfin les
premiers plans de Campagnola n’ont pas à beau-
coup près la grandeur de ceux du Titien, et si les
lointains, par leur exécution savante, soutiennent
effectivement une glorieuse comparaison, on y dé-
couvre parfois une uniformité et des défaillances
de touche dont sont heureusement exemptes les.
œuvres de l’illustre Vénitien.
Benedetto Montagna, né à Vérone comme G. Mo-
cetto, travaillait de 1505 à 1524. Son burin est
plus lourd que celui de son compatriote et son
dessin moins correct. Plus qu’aucun des artistes
que nous venons de nommer, il céda à l’influence
d'Albert Dürer. Ses premières estampes, exécutées
à l’imitation de ses œuvres peintes, manquent de
grâce. Mais le Sacrifice d’Abraham, sa planche la
plus importante, est habilement composé et exé-
cuté avec adresse ; le dessin en est aussi. d’un
meilleur caractère que de coutume. Les belles
épreuves des estampes de Montagna sont assez
rares ; gravées sur un métal tendre, elles ne purent