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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
Dominique Tiepolo sut en effet obtenir de la
gravure à l'eau-forte des résultats charmants, et
alors que ses peintures manquent d'harmonie,
tant le jaune y domine, ses eaux-fortes plaisent
par leur aspect vif et chatoyant. On y chercherait
en vain une forme précise, un contour exact ; les
figures sont d’une incorrection grossière et ne sup-
portent pas l’examen ; mais l’absence complète de
dessin ne doit pas empêcher de regarder ces plan-
ches qui séduisent l’œil et réjouissent le regard.
Estimées pour ce qu’elles valent, les estampes de
Tiepolo fournissent d'utiles exemples ; elles mon-
trent, entre autres choses, les ressources de la
gravure quand la lumière est bien répartie, et
plus d'un artiste pourrait, en les étudiant, ap-
prendre les lois du clair-obscur.
Marcus Pitteri grava d’après Pierre Longhi les
Sept Saerements au moyen d'un procédé qui con-
siste à n'avoir presque jamais recours aux contre-
tailles; il employait des tailles paralléles dont
l'intensité varie selon l'importance de la lumiére
ou de l'ombre. D'un effet peu agréable, ce genre
de gravure produit cependant à certaine dis-
lance une assez bonne impression. La suite des
Sept Sacrements, qui constitue le meilleur ouvrage
de l'artiste, donne sur les mœurs de Venise au
dix-huitième siècle plus d'un renseignement cu-
rieux ; c’est du reste pour les sujets empruntés à
la vie domestique que l’œuvre: de Pitteri mérite