60 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
brutal, n'eussent point été capables de réunir au-
tour d'eux un groupe de graveurs dont ils eussent
guidé les débuts et conseillé les efforts. Pour im-
primer une impulsion profitable, il faut avoir une
autorité que leurs ouvrages n’avaient pu leur don-
ner ; mais à la famille des Carrache revient l’hon-
neur d’avoir, sinon fondé, du moins établi d’une
façon durable l’école bolonaise. Le premier qui se
mit à l’œuvre fut Louis Carrache, artiste au tra-
vail pénible, aux inspirations lentes. Ces condi-
tions, jointes à un désir trés-vif d'acquérir de la
réputation, étaient excellentes pour un réforma-
leur ; aussi déploya-t-il une grande ardeur, et, plus
le travail lui était pénible, plus sa persévérance
redoublait. Doués de plus de facilité, ses cousins,
Augustin et Annibal, ne tardérent pas à le secon-
der. Tandis que Louis se préoccupait principale-
ment de l'étude du dessin, ils entreprirent, eux,
de ramener les artistes à la contemplation rai-
sonnée de la nature et à la connaissance appro-
fondie des œuvres des grands maîtres. Raphaël,
Corrége et Titien furent les modèles qu’ils affec-
tionnaient et recommandaient avec predilection,
et, lorsqu'ils eurent. voyagé pour bien connaitre
eux-mémes les maitres qu'ils proposaient comme
exemples, ils revinrent à Bologne et ouvrirent les
académies célébres degli Desiderosi et degl’ Inca-
minali. Dans la première s’étaient groupés les pein-
tres militants, subissant l'influence des maîtres
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