68 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
alors presque sans interruption, et le Massacre des
Innocents, Adam et Eve, le Jugement de Páris et la
Poésie, pour ne citer que les ouvrages hors ligne,
révélent d'une facon éclatante l'intelligence avec
laquelle le graveur sut transporter sur le métal
les dessins du peintre; car ce sont uniquement
des dessins que Marc-Antoine reproduisit, et jamais
il ne s'adressa directement à une peinture du San-
zio, parlicularité bonne à noler, attendu que les
estampes, dépourvues d’effets pittoresques, pour-
raient, si l’on n’était informé des causes, encourir
le reproche de ne pas fournir le ton des peintu-
res originales. Pour qui, d’ailleurs, connaît les
productions de Raphaël, l’observation a peu d'im-
portance. Ne s’aperçoit-on pas aisément que la
Poésie gravée par Raimondi n’est pas plus l'image
exacte de la fresque du Vatican que sa Sainte Gé-
cile celle de la peinture du musée de Bologne?
Estimant que la gravure, entre les mains de Marc-
Antoine, n’était pas propre à rendre l'aspect de
ses peintures, Raphaël préféra lui confier les étu-
des préparatoires qu’il dessinait sur le papier, el
il fit, en cette circonstance encore, preuve de son
goût admirable, de son jugement exquis.
Marc-Antoine consacra, sans doute, la plus
grande partie de son existence à multiplier des
compositions de Raphaël. Il ne s’en tint pas là ce-
pendant. Nous avons dit qu’avant de fonder l’é-
cole romaine de gravure, il eut de longues hésita-