310 LES MERVEILLES CELESTES.
ticulier fut l'un des premiers et des mieux connus. Le-
couturier, auteur d'une trés-bonne carte de la Lune, en a
fait une longue description, et cette description peut étre
appliquée à la plupart des monts lunaires. 1l se compose
d’un cratère d’environ 10 lieues de diamètre, du milieu
duquel s’élèvent deux cônes, dont le plus élevé atteint à
peu près 900 mètres de hauteur : le tout est environné
d’un rempart circulaire, dont le plus haut sommet est de
5,500 mètres. Lorsqu’on examine le fond du cratère avec
une forte lunette et dans des circonstances favorables, on
y remarque une foule d’aspérités qui semblent indiquer
des larves durcies et des blocs de rochers entassés. De
cette montagne, prise comme centre, partent cinq ou six
lignes et ramifications rocheuses dirigées vers l'est et vers
le sud. Ce sont ces ramifications qui donnent lieu au
rayonnement d’Aristillus. Elles sont garnies d'une énorme
quantité d’aiguilles ou de colonnes basaltiques qui s'élè-
vent de leurs sommets et le font ressembler de loin à cette
multitude de clochetons que l'on voit sur quelques ca-
thédrales gothiques. L'aspect d'Aristillus donne l'aspect
général de la plupart des montagnes de notre satellite.
Ainsi la Lune serait fort inhospitalière pour nous. Le
sens de la parole comme le sens de l'ouie ne sauraient y
jouer aucun róle, et par conséquent ne sauraient y exister.
A la privation de ces deux sens, peut-être faudrait-il encore
joindre une infériorité dans les jouissances que la vue
nous procure, attendu que partout oü le regard s'abaisse,
il ne rencontre que des montagnes blanches, escarpées et
stériles, que des crêtes sourcilleuses et dénudées. Ces
campagnes solitaires et desséchées donnent raison à Alfred
de Musset :
Va, Lune moribonde,
Le beau corps de Phoebé
La blonde
Dans la mer est tombé.