14 LES METEORES,
vers le rivage, mais le rivage fuyait toujours devant
eux.
On doit à l'illustre Monge, qui faisait partie de
l'expédition, l'explication du phénomène. Il a mon-
tré que, les couches d'air les moins denses étant les
plus basses, un rayon lumineux dirigé d'un objet
élevé vers le sol s'incline de plus en plus, par suite
de la réfraction, jusqu'au moment où une réflexion
s'opère sur une dernière couche ainsi que sur un
miroir, et où ce rayon se relève en subissant des ré-
fractions en sens contraire des premières, pour ar-
river à l’œil de l’observateur avec la même direction
que s’il était parti d’un point situé au-dessous du
sol, lui présentant ainsi l'image renversée comme
s'il la voyait sur la surface d'une eau tranquille.
Les navigateurs observent des mirages dans des
circonstances qui contrastent avec celles que nous
venons de décrire. La température de la mer, plus
froide que celle des couches calmes superposées,
rend leur densité décroissante de bas en haut et
l’image renversée des côtes ou des navires éloignés
se dessine sur l'atmosphère. Le capitaine Scoresby
a fait un grand nombre d'observations semblables
dans les parages du Groënland.
« Le 19 juin 1822, dit ce savant marin dans une de
ses relations, le soleil était très-chaud, et la côte
parut subitement rapprochée de 25 à 55 kilomètres;
les différentes éminences étaient tellement relevées,