48 LES MÉTÉORES.
barques paraissait faire roule de gauche à droite.
C'était une illusion analogue au mirage égyptien et
qu’on explique de la même manière. Sur la côte,
l'air était resté dans l'ombre une partie de la ma-
tinée, tandis qu'au large il avait été échauffé par le
soleil; de là, dans l’atmosphère, des couches verti-
cales de densités décroissantes demeurées immobiles
pendant le calme.
Quand, au lieu de se produire dans des couches
planes et régulières, les réfractions et les réflexions
s'accomplissent dans des couches courbes et ir-
régulières on a un mirage où les images sont
déformées dans tous les sens, brisées ou répétées
plusieurs fois, éloignées les unes des autres à des
distances considérables. C'est ce qui arrive dans la
fantastique vision aérienne, attribuée jadis à une
Iée, la fata Morgana, qui attire quelquefois le peuple
sur le rivage de la mer à Naples et à Reggio, sur la
côte de Sicile. Le phénomène a surtout lieu le ma-
tin, à la pointe du jour, lorsque règne un calme
complet.
«Sur une étendue de plusieurs lieues, dit un té-
moin de ce spectacle extraordinaire, je vis la mer
des côtes de Sicile prendre l'apparence d’une chaîne
de montagnes sombres, tandis que les eaux, du côté
de la Calabre, restèrent parfaitement unies. Au-dessus
de celles-ci on voyait, peinte en clair-obscur, une
rangée de plusieurs milliers de pilastres, tous égaux