180 LES BALLONS.
qu'il ne s’est pas encore écoulé quarante ans depuis la
découverte des aérostats, et de convenir que son perfec-
tionnement présente les plus grands obstacles, tant sous
le rapport des connaissances étendues que sous celui des
sacrifices pécuniaires et le dévouement qu’il exige.
« Ainsi cette invention, après avoir, dans son enfance,
électrisé tous les savants d’un bout du monde à l'autre, a
eu le sort de toutes les découvertes, elle s'est tout à coup
arrêtée. À cet égard, soyons impartiaux : l’astronomie
n'a-t-elle pas attendu longtemps Newton, et la chimie La-
voisier, pour éclairer leur marche? l'aimant n'a-t-il pas
été longtemps un hochet dans les mains des Chinois,
avant d'avoir fait naitre l'idée de la boussole? Le fluide
slectrique était connu des temps des Thalès ; mais après
combien de siècles le galvanisme est-il venu étonner l’é-
lectricité et contrarierles effets de la boussole ? Cependant,
ces sciences, dont l’étendue et les recherches se font dans
la retraite et dans le silence, offraient des chances plus
faciles aux découvertes que les aérostats, dont les expé-
riences exigent du courage, de la pratique, et dont les es-
sais, toujours publics, sont ordinairement au-dessus de la
fortune de ceux qui courent cette carriére.
« La machine aérostatique appelée la Minerve, que pre-
pose le professeur Robertson, aura 150 pieds de diamétre,
et sera capable d’élever 72,954 kilogrammes, équivalant à
149,037 livres de France. Les précautions et les soins
qu’on prendra pour l’exécution de cette immense machine
en assureront la solidité et son imperméabilité ; elle pourra
comporter toutes les choses nécessaires à la sûreté, à la
commodité et à l’entretien de 60 personnes instruites,
choisies par les Académies, et qui s'embarqueront pour
plusieurs mois, afin de s'élever à toutes les hauteurs, de
parcourir tous les climats, et dans toutes les saisons, faire
— A mi eI