268 LES BALLONS.
opinion et trouvaient dans les observateurs un genre de
bravoure nouveau qui excitait leur admiration et leur con-
fiance. Dans nos marches, toujours pénibles, la surveil-
lance continuelle ne permettant pas à aucun. aérostier de
quitter la corde qui retenait le ballon, il nous est arrivé
de trouver sur notre passage des rafraichissements pré-
parés pour nous ; souvent aussi des soldats des troupes lé-
gères nous apportaient du vin.
« Nous étions campés sur les bords du Rhin, devant
Manheim, lorsque le général qui nous commandait, m'en-
voya en parlementaire sur l’autre rive. Aussitôt que les
officiers autrichiens eurent appris que je commandais
l'aérostat, je fus accablé de questions et de compliments :
un officier qui avait passé le fleuve avec moi observa que
si mes cordes cassaient, je pourrais être exposé en tom-
bant dans le camp ennemi. « Monsieur l’ingénieur aérien,
répondit un officier supérieur, les Autrichiens savent ho-
norer les talents et la bravoure ; vous seriez traité avec
distinction. C’est moi qui vous ai aperçu et signalé le pre-
mier, pendant la bataille de Fleurus, au prince de Co-
bourg, dont je suis l’aide de camp. »
« Si le balancement qu’on éprouve, et qui est plus ou
moins grand, suivant la force du vent, est souvent un
obstacle lorsqu'on est obligé: de se servir de lunette (ex-
cepté dans les trés-grands vents je m'étais accoutumé à
m'en servir), je dois faire observer que le plus souvent on
distingue à la vue simple les différents mouvements des
corps d'infanterie, de cavalerie, d'artillerie et leurs parcs;
à Maubeuge, devant Mayence et Manheim, je pouvais
compter les pièces de canon dans les redoutes et sur les
remparts, à la vue simple.
« Ce qui cause une impression à laquelle on a besoin de
s'accoutumer, c'est le bruit que le ballon fait lorsqu'il est
ru
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