Full text: Les ballons et les voyages aériens

    
    
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
  
   
  
  
  
272 LES BALLONS. 
l'art, à cóté des conceptions imaginaires d'un sorcier? 
Pouvait-on raisonnablement espérer d'exciter de l'enthou- 
siasme par quelques expériences plus ou moins ingé- 
nieuses chez des hommes nourris de la lecture des Mille 
et une nuits? chez des hommes habitués à prendre les 
récits de la princesse Schéhérazade, non pour des réveries 
d'une imagination fantasque, mais comme des peintures 
d'un monde réel? Présentez à ces mémes hommes des 
choses vraiment extraordinaires dans l'ordre de leurs 
idées et de leurs habitudes, et vous les trouverez suscep- 
tibles d'étonnement, d'enthousiasme, comme les Euro- 
péens. Voyez, par exemple, avec quelle assiduité, avec 
quel recueillement, des musulmans de tout àge, des digni- 
taires de l'ordre des ulémas assistaient aux séances de 
l'Institut, méme avant de savoir un seul mot de notre lan- 
gue. Une assemblée délibérante, qui ne s'occupait ni de 
religion, ni de guerre, ni de politique, était à leurs yeux 
un véritable phénomène. Ils comprenaient encore moins 
que le chef suprême de l’expédition, que le vainqueur de 
Mourad-Bey, que le sultan Hébir, pour parler leur langage, 
n’eùt qu’une voix dans les scrutins comme le plus humble 
membre de l’Institut, et qu’il consentit à courber ses opi- 
nions personnelles devant celles de la majorité. 
Napoléon ne favorisa pas l’application des ballons aux 
reconnaissances militaires. Peut-être était-il assez exclusi- 
vement glorieux de son génie pour le laisser souveraine- 
ment maitre de ses succès et répudier tout service. Peut- 
être reconnut-il que l'utilité des aérostats, pouvant devenir 
générale, ne donnerait pas à la France un avantage parti- 
culier et modifierait la stratégie des armées. Quoi qu'il en 
soit, à son retour d’Égypte, il mit en vente le ballon de 
Fleurus. C’est Robertson qui en devint l'acquéreur. Le 
corps des aérostiers fut dissous et les aérostats s’envolèrent 
    
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