286 LES BALLONS.
qui accablent le physieien et lui ótent l'aptitude néces-
saire à ses recherches. À ce point élevé, l’état où nous
nous trouvions était celui de l'indifférence : là, le physi-
cien n’est plus sensible à la gloire et à la passion des dé-
couvertes ; le danger même qui résulte dans ce voyage
de la plus légère négligence ne l'occupe guère ; ce n’est
qu’à l’aide d’un peu de vin fortifiant qu’il parvient à re-
trouver des intervalles de lumière et de volonté.
« Comme je ne veux rien omettre de ce qui veut jeter
quelque jour sur les fonctions de l’économie animale et
les opérations de la nature à cette élévation, je dois faire
remarquer que , lorsque le baromètre était encore à
12 pouces, mon compagnon m'offrit du pain : je fis de
vains efforts pour l'avaler, je ne pus jamais y parvenir.
Si l’on considère attentivement l’état de l’atmosphère où
J'étais, et dont la grande rareté n’offrait qu’une légère
résistance à ma poitrine qui se dilatait ; si l’on considère
la petite quantité d’oxygène que doit contenir le fluide
dans lequel je nageais, on pourra croire que mon estomac
déjà plein d'un air plus dense et appauvri par la perte de
l'oxygéne, n'était point propre à recevoir des aliments
solides et encore moins à les digérer. Je dois ajouter que
les sécrétions naturelles ont été suspendues chez mon
ami et chez moi pendantles cinq heures de voyage, et
qu'elles n'ont eu lieu que trois heures aprés notre retour
sur la terre. »
Septiéme expérience. « J'avais emporté deux oiseaux :
au moment de l'expérience, j'en trouvai un mort sans
doute par la raréfaction de l'air; l'autre paraissait as-
soupi. Après l'avoir placé sur le bord dela gondole, je
cherchai à l'effrayer pour lui faire prendre la fuite, il
agita ses alles, mais ne changea pas de place; alors je l'a-
bandonnai à lui-même, et il tomba perpendiculairement
et
les
pé
fai
gr
ak
n'