28 LES BALLONS.
Au frontispice du dernier ouvrage, on voit, non un homme,
mais une machine à voler. Au milieu d’un châssis de bois
léger, l’opéra'eur est assis sur un siége; d'une man il
se tient à l’un des montants, de l’autre il tourne une cré-
maillère qui parait donner un mouvement de rotation très-
vif à deux globes de verre roulant sur un axe vertical. Ces
globes se frottent légèrement, une auréole les enveloppe ;
de l'électricité est développée, et c'est à ce fluide que l'on
doit le mouvement d'ascension.
De temps en temps cependant, on revenait aux ailes ;
le marquis de Bacqueville s'envola d’une fenêtre de son
hôtel surle quai, et alla tomber dans la rivière sur un ba-
teau de blanchisseuses. Tous ces essais furent chansonnés:
vaudevilles et là moquerie poursuivirent les tentatives
malheureuses, comme pour décourager l'imagination,
cette avant-courriére du génie. Dlanehard, qui fit plus
tard admirer son intrépidité comme voyageur aérien,
tourné en ridicule pour d'infructueux efforts, avait été re-
cueilli par l'abbé Viennoy, dans son hótel de la rue Ta-
ranne, aujourd'hui maison des bains. ll y exposa en pu-
blie ce qu'il appelait son Vaisseau volant. ll. en demeura
au projet, et l'on se moqua de lui. En l'honneur du cha-
noine d’Étampes, on fit jouer le Cabriolet volant ; on railla
Blanchard dans un autre mauvais vaudeville intitulé : Cus-
sandre mécanicien. Nous retrouverons Blanchard après la
découverte des Montgolfier.
Si la plupart de ces inventions échouèrent, c'est qu’elles
tentaient le vol dans l’espace, non d’après le principe des
aérostats (plus légers que l'air), mais au moyen de la direc-
tion d'appareils plus lourds que l'air. Ces tentatives ont été
renouvelées en ces dernières années sur la foi de principes
mathématiques plus rationnels. Aux époques antérieures à
l'histoire de l'aérostation, nous trouvons tantót la conception