4 L’ART NAVAL,
sur le Nil les barques se perfectionner. Au lieu
d'appliquer immédiatement le plancher du radeau
sur la première couche d’arbres, les Phéniciens
laissèrent un espace vide qui, rempli d'air et im-
pénétrable à l’eau, augmenta le volume du bati-
ment sans en accroître le poids. Ce sont ces bäti-
ments qui, transformés en corps creux et légers,
devinrent le Gaulus, vaisseau mis en mouvement
par des rames, et dont la carène demeura plate,
trait caractéristique du radeau qu’il conserva. Les
anciens trouvaient une grande utilité à ce mode de
construction ; car, ens’éloignant fort peu des côtes,
chaquesoir ils pouvaient tirer leurs bâtimentsà terre,
et les mettre à l’abri du mauvais temps ou de l’at-
taque des pirates, dont l’industrie se développa
naturellement à mesure que se développa la ma-
rine.
On sait quelles furent les conséquences de ce goût
des Phéniciens pour la navigation. Tyr et Sidon de-
vinrent les deux ports les plus opulents du monde
connu. Les flottes de Phénicie, exportant et rappor-
tant des richesses immenses, déployaient un faste in-
croyable ; les bancs des rameurs de leurs bâtiments
furent revétus d’ivoire, des pavillons de soie flotté-
rent aux antefnes, et les voiles furent teintes de la
pourpre royale.
Un temps vint où, ne bornant plus leur ambition
au commerce d’armateurs, les Phéniciens, conqué-
D
Sd
C(
L
p
h