162 L'ART NAVAL.
grande finesse de formes et une grande puissance de
voilure. On l'a comparé, avec trop de raison, tantôt
à un cercueil flottant, tantôt à une caque à empiler
les harengs ; en effet, les malheureux captifs y sont
entassés plutôt comme des ballots de marchandises
que comme des créatures vivantes. Qu'importe au
négrier que le défaut d'air, de mouvement, d'eau et
de nourriture, que l'infection et les miasmes putrides
tuent la moitié, les deux tiers méme de sa cargaison?
Le bénéfice réalisé sur les survivants couvrira, et
au delà, pertes, déchets, coulage et avaries. Les mar-
chands de bois d’ébène, c’est le nom que se donnent
ces messieurs, établissent leurs calculs sur cette
base que, si de trois expéditions une seule réussit,
ils auront encore de beaux dividendes en fin de
compte... »
Remarquons cependant que par suite de l'élevage
des nègres, auquel on se livrait sur une très-vaste
échelle dans quelques provinces des États-Unis du
Sud, la traite n’était guère exercée, dans ces der-
nières années, que pour le Brésil et Cuba. Dans ces
deux pays l’institution de l'esclavage perd chaque
jour bon nombre de ses adhérents; elle a été dé-
truite aux États-Unis, au milieu d’événements pro-
pres à donner à réfléchir aux gouvernements de Rio
et de Madrid. On doit faire des vœux pour que
ceux-ci comprennent enfin que l’esclavage n’est pas
seulement une institution inhumaine, mais encore