166 L'ART NAVAL,
sonne n'a oublié que le Paralos, qui comptait parmi
les navires sacrés, n’était employé que pour les navi-
gations dont le but était ou religieux, comme le
voyage des Théories à Délos, ou politique, comme
le transport des généraux entrant en fonctions, ou
le retour de ceux qu’on avait exilés. Le Paralos
avait emprunté son nom à l’habitude qu’avait ce
bâtiment de ne jamais s'éloigner du rivage. La Sala-
minienne, selon quelques-uns, empruntait le sien au
souvenir de la bataille de Salamine ; selon d'autres,
cesurnom lui avait été donné par le premier capitaine
qui la commanda, et qui était de Salamine. Cette
version s’accommoderait mieux que l'autre avec la
tradition, qui voulait que Thésée eût été porté par la
Salaminienne à l’île de Crète, où il fit vœu d'envoyer
de magnifiques présents aux autels d'Apollon Dé-
lien, pour remercier le dieu de l'heureux succés de
son entreprise contre le Minotaure,
Chaque année la Délie, magnifiquement parée, en-
treprenait ce voyage, durant lequel aucun criminel
he pouvait être exécuté. Ce qui explique, remarque
Platon, dans le Phédon, le temps qui s’écoula entre
l'arrét de inort prononcé contre Socrate et sa mise à
exécution, car cet arrét avait été rendü la veille du
départ du navire, et il fallut attendre son retour à
Athènes. « Et les Athéniens portèrent tant de révé-
rence à ce vaisseau, ditle P. Fournier, qu'aussitót que
la moindre pièce y manquait, on y en remettait une