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(EUVRES DE FERMAT. — TRADUCTIONS.
tance, rien de pareil contre quelqu'un qui ne lui avait, que je sache,
fait aucune offense; qui, au contraire, avait témoigné des plus grands
égards pour lui.
Peu aprés que ce Traité fut parvenu dans mes mains, je recus de la
Haye une lettre de l'illustre Huygens, à qui, comme je l'ai dit plus
haut, un autre exemplaire avait été envoyé de Paris. Dans cette lettre,
il me disait entre autres choses (* ) :
« Les problemes de Frenicle vous ont été, je n'en doute pas, en-
» voyés par l'auteur. En les voyant, je ne puis que m'étonner de la
» diversité des goüts des humains. »
Mais, quant à ce qu'y affirme l'auteur, que la plupart des mathéma-
ticiens tant d'Angleterre que de Hollande s'occupent de la solution de
ces problémes, en ce qui concerne les Hollandais, je ne connais guere
personne qui ait jugé intéressant de les aborder; au contraire, les
plus exercés, à qui je les avais proposés, n'ont semblé y reconnaitre
aucun usage ni aucun profit, et personne ne s'est trouvé parmi eux
qui ait estimé assez la gloire à en retirer pour vouloir prendre la
peine de rechercher la solution.
Vous me demandez, tres honorable Monsieur, à quel point on s'est
franchement comporté avec moi dans cette affaire; je crois que ce qui
précéde suffit pour vous le faire connaitre. J'ai cru devoir vous tout
exposer, avec plus de longueurs peut-être que n’en réclamait le sujet,
surtout parce que j'ai compris à votre lettre que vous aviez l’intention
de faire imprimer tant vos solutions que les lettres que vous avez
reçues à cette occasion. J’estime que la mienne, ou au moins une
partie, rentrera dans votre plan et dans votre narration. Si donc vous
croyez devoir en imprimer quelque chose, vous ne le ferez certaine-
ment pas contre mon gré.
J'ai cru devoir communiquer à Huygens ce que vous avez remarqué
sur la lune de Saturne et sur l’aspect de cette planète; il y pourra
(1) Le 23 novembre 1657 (Correspondance de Huygens, n° 431)