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vie, il sentit le besoin -de l’amitié , d’une com-
munication expansive, active et de chaque ins-
tant : il lui fallait verser sa pensée et en irou-
ver l’écho autour de lui. De ses deux sœurs, il
perdit l’aînée , qui avait eu beaucoup d’action
sur son enfance ; il parle d'elle avec sensibilité
dans des vers composés long-temps après. Ce
fut une grande douleur. Mais la calamité de no-
vembre 93 surpassa tout. Son père était juge
de paix à Lyon avant le siége, et pendant le
siége il avait continué de l'être, tandis que la
femme et les enfans étaient restés à la cam-
pagne. Après la prise de la ville, on lui fit
un crime d’avoir conservé ses fonctions; on
le traduisit au tribunal révolutionnaire et on le
guillotina. J'ai sous les yeux la lettre touchante
et vraiment sublime de simplicité, dans la-
quelle il fait ses derniers adieux à sa femme.
Ce serait une pièce de plus à ajouter à toutes
celles qui attestent la sensibilité courageuse et
l'élévation pure de l’âme humaine en ces extré-
mités. Je cite quelques passages religieusement
et sans y altérer un mot :
« J’ai reçu, mon cher ange , ton billet con-
« solateur\; il a versé un baume vivifiant sur
« les plaies morales que fait à mon âme le re-