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va jusqu’à la mort de l’objet aimé. Qui le croi-
rait? ou plutôt, en y réfléchissant, pourquoi
u’en serait-il pas ainsi ? Ce savant que nous
avons vu chargé de pensées et de rides, et
qui semblait n’avoir dû vivre que dans le
monde des nombres, il a été un énergique
adolescent; la jeunesse aussi l’a touché, en
passant, de son auréole; il a aimé, il a pu
plaire; et tout cela, avec les ans, s'était recou-
vert , s'était oublié. Il serait peut-être étonné
comme nous, s’il avait rétrouvé, en cherchant
quelque mémoire de géométrie , ce journai de
son cœur, ce cahier d’Amorum enseveli.
Pourtant il fallait penserà l’avenir. Le jeune
Ampère était sans fortune , et le mariage allait
lui imposer des charges. On décida qu’il irait à
Lyon ; on agita même un moment s’il n’entre-
rait pas dans le cornmerce ; mais la science l’em-
porta. Il donna des leçons particulières de ma-
thématiques. Logé grande rue Mercière, chez
MM. Perisse , libraires , cousins de sa fiancée,
sol temps se partageait entre ses études et ses
courses à Saint-Germain, où il s'échappait fré-
quemment. Cependant , par le fait de ses nou-
velles occupations , le cours naturel des idées
mathématiques reprenait le dessus daus son