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puissant, et se croit-elle sûre de son objet et
apaisée , que voilà l’autre’ qui se relève et qui
demande pâture à son tour. Et si l’on n’y prend
garde, c'est celle qui se croyait sûre qui va être
ébranlée ou dévorée.
M. Ampère l’éprouva : en moins de deux ou
trois années, il se trouva lancé bien loin de
l’ordre d’idées où il croyait s'être réfugié pour
toujours. L’idéologie alors était au plus haut
point de faveur et d’éclat dans le monde sa-
vaut : la persécution même l’avait rehaussée.
La société d’Auteuil florissait encore. L'Institut
ou , après lui, les Académies étrangères propo-
saent de graves sujets d’analyse intellectuelle
aux élèves, aux émules , s’il s’en trouvait, des
Cabanis et des Tracy. M. Ampère put aisément
être présenté aux principaux de ce monde phi-
losophique par son compatriote et ami, M. De-
gérando. Mais celui qui eut dès lors le plus de
rapports avec lui et le plus d’action sur sa pen-
sée, fut M. Maine de Biran, lequel, déjà connu
par son mémoire de /’Habitude, travaillait à se
détacher avec originalité du point de vue de ses
premiers maîtres.
M. Ampère ne retourna pas à Lyon ; il resta
à Paris, plus actif d’idées et de sentimens que