4 LE BOMBARDIER FRANÇOIS.
fous differens angles, étoient dans la raifon des finus des angles dou-
bles que la piece formeroit avec l’horizon ou avec la verticale. ="
Comme Galilée n’avoit examiné que les projections terminées fur
des plans qui feroient de niveau à la batterie, Toricelli fon difciple a
été plus loin, & a déterminé où les boulets devoient aller aboutir lorf-
qu’ils viendroient tomber für des endroits fituez au-deffous ou au-def-
fus du plan de la batterie, mais non pas fous quel angle 1l falloit poin-
ter pour y arriver. Il eft vrai que de fon tems cette recherche n’étoit
pas aufli intereffante qu’elle l’eft devenuë depuis, les bombes n’étant
point alors fort en ufage.. . … [
On prétend que les premiéres furent jettées en 1588 dans la Ville
de Wachtendonch en Gueldre, affiégée par le Comte de Mansfeld , qui
fervoit fous Alexandre Farnefe; & c’eft feulement au premier fiége de
la Mothe en 1634 que les François s’en font fervis. Louis XIIL. en
donnala conduite à Maltus, qu’il avoit fait venir exprès de Hollande,
qui en jetta encore'avec fuccès dañs plufieurs autres Places qui furent
affiégées fous ce regne ; elles font devenuës enfuite fi communes fous ce-
lui de Louis le Grand, qu’elles n’ont pas peu avancé fes conquêtes.
Comme tous les fujets du Royaume s’occüpoient à l’envi à contri-
buer à la gloire de ce Monarque, l’Académie Royale des Sciences vou-
lut auffi donner des marques de fon zele; & s’appliqua à perfectionner
l’art de jetter lesbombes; & M. Blondel, un de fesmembres, en donna
un Livre en 1683, qui comprend les découvertes que les plus grands
Géometres d’alors ont ajoûtées à celles de Galilée & de Toricelli. Le
peu d’ufage qu’on en a fait, n’a guére répondu à ce qu’ils devoient en
efperer; mais comme les principes en font inconteftables, il ne paroît
pas qu’on doive s’en prendre à cés-illuftres auteurs, puifqu’ils n’ont rien
Jaifté à défirer fur ce fujet ; il y à plutôt apparence qu’ils ont eû le mal-
heur de n’être pas entendus de ceux pour qui ils ayoient principalement
travaillé, & c’eft affez le fort des ouvrages abftraits ; car les chofes m’étant
goûtées du commun des hommes, qu’autant qu’elles font aifées à com-
prendre, pour peu qu’elles demandent des contoiffances préliminaires,
on les abandonne, & on aime mieux croire qu’on peut s’en pafler : fou-
vent même l’on décide fur ce que l’oh n’entend pas, ‘& c’eft prefque
toujours ceux qui font dans cé cas-là ; ‘qui ‘veulent y mettre le prix.
Le füjet dont je parle a été plus expofé qu’un autre à la cenfure, parce
que l’on s’eft imaginé que la feule pratique fuffifoit ; & on auroit crûtrop
payer l’avantage d’en parler fçavamment, s’il avoit fallu apprendre la
Géometrie & la Phyfique, fur-tout dans un tems où les troubles de la
‘guer-