LE BOMBARDIER FRANÇOIS: {
“Toutes les diftances aufquelles on -peut jetter des bombes, dépen-
dant du premier coup d’épreuve fait avec le. mortier dont on veut fe
férvir , il eft indifferent de quel calibre, ou de quelle efpece foit ce
mortier puifque fe fervant toujours du même , ce qui fera arrivé au
premier coup , arrivera aux. autres ; & les. accidens pourront être re-
gardez comme nuls, lorfqu’ils feront femblables dans toutes les por-
tées differentes : il n’y a que ceux qui furviennent à chaque 1nftant,
aufquels-il eft bien difficile de s’accorder ; , mais c’eft. à, une pratique
éclairée à les prévenir, & à y remedier 0 4
La Table a encore une proprieté affez finguliére , qui eft d'indiquer
la corre(tion qu’il faut faire à l’élevation qu’on a donnée au. mortier
pour aller à une diftance déterminée, lorfqu’on s’eft apperçû que les
portées ne quadroient pasavec celles qui répondent - aux degrez. indi-
quez dans la colonne du coup d'épreuve. Je m'explique : on veut chaf-
fer des bombes à 1 20 toifess pour cela on en aura tiré une à 15 -de-
grez, qui aura été tomber à 74 toifes de la batterie : on cherche dans
la colonne de cette épreuvela portée de 120 toifes, & on trouve qu’el-
le répond à 27 degrez 5 minutes; cependant il arrive qu’ayant poin-
té le mortier fous cet angle, - la bombe au lieu d’aller à 120 toiles , va
à 130; on en tire une feconde, une troifiéme, &c. qui vont toujours.
environ à 10 toifes trop loin : pour corriger ce défaut, qui viendra
apparamment de ce que la diftance du coup d’épreuve n’a pas été'bien
eltimée, on n’a qu’à remonter au-deflus du nombre 120, tant qu’on
en rencontre un autre de 10 toifes de moins, & prendre le degré qui
y répond : or pour aller à 120 toifes, fi au lieu de tirer fous l’angle de
27 degrez 5 minutes, l’on tire feulement fous 24 degrez, on ira à peu
près. à la diftance propofée *. De mème files premiéres portées au lieu
d’être trop longues, fe trouvoient trop courtes de 12 toifes, il fau-
droit defcendre tant qu’on foit arrivé à un nombre de 12 unitez plus
grand, & prendre le degré qui y répond. C’eftainfi qu’on pourra fe.
regler dans les occafions même où la Théorie ne paroitra pas s’accor-
der avec la pratique, & c’elt fans doute un grand avantage que d’a-
voir un moyen für de corriger les portées, lorfqu’elles ne répondent
point à l’objet qu’on a en vu; au lieu que fans ce fecours on change
inutilement, tantôt l’élevation du mortier, &c tantôt la charge , fans
favoir à quoi s’en tenir : l’on paîfe fouvent d’une extrémité à l’autre;
‘es portées de courtes qu’elles étoient, deviennent fouvent beaucoup
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+ Cette maniere de corriger les portées eft bonne dans la pratique, mais on ne la donne poinf
somme un principe inconteftable.