LE BOMBARDIER FRANÇOIS. 13
qu’on la refoule à tours de bras fans aucun menagement, il ne peut
manquer d'arriver des differences confiderables dans les portées : mais
de quelque maniere qu’on s’y prenne, il faut fur toutes chofes charger
le mortier comme on l’aura fait pour le coup d’épreuve.
Pour nerien laiflerà défirer, j'aurois fort fouhaité calculer d’autres
Tables pour trouver l’élevation du mortier, lorfque la batterie n’eft pas
de niveau avec les ouvrages que l’on veut ruiner ; & je l’aurois fait mal-
ré l’étenduë d’une ai entreprife, & la difficulté de s’affujettir à la
Dis , à la diftance & à la difference de la hauteur de la batterie avec
celle de l’objet, s’il ne m’avoit paru que les colonnes d’une pareille T'a-
ble feroient devenuës fi compofées, qu’il eût été auffi difficile d’en faire
ufage, que d’en calculer les termes : jai donc crû devoir m’en tenir
aux amplitudes horizontales , perfuadé qu’avec un peu d’adreflé un
Bombardier jettera aifément des bombes dans toutes fortes de cas.
On a fait plufieurs objections contre l’ufage de ces Tables, dont la
plufpart ne méritent pas qu’on s’y arrête. La principale eft fur le coup
d’épreuve, c’eft une difficulté, dit-on, d’éprouver les mortiers deftinez
à un fiege pour en favoir la portée à 15 degrez. Je féponds à cela,
que les Bombardiers font obligez de tirer un grand nombre de coups
d’épreuve pour connoître leurs mortiers dès qu'ils font en batterie, fans.
quoi il eft impoffible qu’ils puiffent fe regler ; ainfi cette manœuvre
nous eft commune, &lon ne peut difconvenir qu’il ne foit plus avan-
tageux de tirer ce coup d’épreuve, comme jele fais , fous un angle dé-
terminé » que d’en prendre un à l’aventure ; & La portée à 1 5 degrez é-
tant la moitié de celle de 4.5, elle fera toujours plus courte que la dif-
tance où l’on veut aller. Or tout l’inconvenient fe réduit done à me-
furer la diftance où aura été tomber la bombe fous 1 ÿ degrez , mais je:
ne vois point que ce foit une chofe fi difficile ; car jettant à l’entrée de
la nuit une bombe qui ne fera point chargée, mettant le feu à une: fu-
fée qui puiffe durer un certain tems, on pourra foit par la trigonome-
trie ,foit avec une planchette fimple , favoir à quelle dittance de la batte-
rie elle aura été tomber, ou bien fi l’on a un plan dela tranchée qui
foit exat , y trouver relativement au terrain l’endroit où fera tombée
la bombe , & en connoître la diftance avec l’échelle & le compas, puif-
que ce n”eft que par-là que les Bombardiers peuvent favoir l’éloigne-
ment où ils font des ouvrages dans lefquels ils doivent tirer. Je fais
qu’il eft rare d’avoir des plans aflez juites pour y compter; le pis aller,
fi on ne les croit pas fidéles, ce n’eft point unefi grande affaire dele-
ver foi-même la partie de l’attaque où Pos eft. Car il ne faut pas croire:
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