280 LE BOMBARDIER FRANÇOIS:
difficultez , fi l'on parvenoit à favoir felon quelle propottion la Pour
dre s’enflamme. ° te 0 A
Cependant il eft à remarquer que fi d'air que nous avons fuppofé
dans la fphere , le cube & le cylindre’, en fe rarefiant , venoit ;par
fon effort à aggrandir la capacité de ces corps, la force de fon-rel-
fort diminueroit dans la raifon que- fon volume augmenteroit; : par
exemple , fi l’air du globe étant raréfié à un certain point , l’avoit
aggrandi jufqu’à avoir deux pieds de diametre, fon effort ne feroit
plus que la huitieme partie de celui dont 11 ‘auroit été capable fi la
furface du globe avoit refté inflexible: De même fi un des cercles
du cylindre s’éloignoit de l’autre qui lui ft oppofé, & que la furface
du cylindre accompagnant toujours ce cercle y augmentât en hauteur
à mefure que l’air fe rarefiéroit , fans pourtant qu’il trouvât, aucune
ouverture pour s’échapper, la force de fon reffort fera diminuée dans
la raifon de l’augmentation de la hauteur du cylindre : Tellement
que fi la hauteur du cylindre étoit devenue double , chaque cercle
ne foutiendroit plus que la moitié de l’efort que l’air rarcfñié auroit
fait s’il ne s’étoit point dilaté. Or comme la Poudre enflammée n’eft
qu’un air extrémement rarefié , l'on voit que {fi à mefure qu’elle
s’enflamme , la capacité où elle étoit enfermée augmente , la force
qu’elle auroit eû fi elle s’étoit toute enflammée , avant que rien ne
cedât , fera diminuée dans la raifon qu’elle {e fera dilatée. Enfin
on confiderera encore que fi l’air qui feroit mélé avec la Poudre
dans le globe d’un pied de diametre , ou dans un corps de toute
autre figure , étoit une fois plus condenfé qu’il ne l’eft dans fon
état naturel , la Poudre venant à le rarefier, auroit une fois plus
de forces & qu’au contraire s’il étoit une fois plus dilaté, fon
effort feroit diminué de moitié ; ce qui fait voir que la même
quantité aura plus ou moins de force y felon que l’air qu’elle rarefie
fe trouvera plus ou moins condenfé. Un n’auroit pas crû que la
Poudre fût une efpece de barometre, auffi eft-ce en cherchant à per-
feftionner cette machine , qu’on a découvert les-proprictez de l'air,
fans la connoiffance defquelles il ne feroit pas poflible de bien raifon-
ner de la Poudre. { | 5
Les Phyficiens ne douteront point du grand effort dont l’air eft ca-
pable , lorfqu’étant renfermé il eft rarefié à un certain point 5 mais
comme cela pourroit n’avoir point la même évidence pour beaucoup
d’autres perfonnes , qui ne peuvent s’imaginer qu’il produife des effets fi
violents, je les prie de confiderer que la plûpart des chofes furprenantes
qui