298 LE BOMBARDIER FRANÇOIS.
le feu, on verfe de l’eau deffus, enforte qu’il en foit couvert de trois’
doigts, pour qu’il fe fonde: on le laifle ainfi tant que l’eau foit con-
fommée , & que le falpêtre foit bien fec y pendant ce temps deux
hommes le remuent continuellement pour le réduire en farine , &
qu’il feche également ; on aura attention qu’il ne faut pas faire
bouillir l’eau. :
On prend enfuite cinq parties de Poudre, trois parties de falpêtre,
& une partie de foufre. Le S'. Baas , Artificier entretenu par le Roi,
& qui a été envoyé à la Fere pour l’inftrultion de l’Ecole , employoit
pour la compofition des mêmes fufées , 7 parties de poulverin, 4 de
falpêtre, & 2 de foufre. Pour les fufées à Grenades, l’on prend 5 par-
ties de poulverin, 3 de falpêtre, & 2 de foufre; on employe plus de
foufre à proportion pour ces fufées que pour les précédentes , parce
qu’il rallentit le feu.
Il faut écrafer & pulverifer avec l’égrugeoire chaque matiere en par-
ticulier , les pafler aufli feparément dans un tamis de foye très fin &
couvert ; & après avoir pris la dofe qu’il convient de chacune , on
les mêlera bien enfemble , prenant garde qu’il ne fe rencontre point
de grains de poudre en entier ,. crainte que cela ne fafle crever la fu-
[ée où ils fe rencontreroient.
Il faut pour charger les fufées , deux baguettes de fer bien limées
& bien juftes à la lumiére , l’une d’un pouce plus longue que la fufée
même, & l’autre de la moitié feulement ; ces baguettes ont chacune
une tête pour recevoir les coups de maillet. ;
Ce maillet doit être rond, la mafle aura 4 pouces de longueur ; &
fon diametre 3 pouces; le manche aura 6 pouces de longueur, & en-
viron 18 lignes de diametre. ‘ {
On trempe d’abord le petit bout de la fufée dans une écuelle de bois
où ‘eft la compofition , pour qu’il en entre un peu dans la lumiére, on
tient enfuite cette fufée bien droite, le petit bout appuyé fur un ma-
drier fort épais; on met dedans , plein un dé de compofition avec
une petite lanterne de fer-blanc faite exprès: on fe fert d’abord de la
rande baguette , qu’on introduit dans la fufée pour faire defcendre
compofition ; ‘on frappe cinq à fix coups avec le maillet , d’une
moyenne force; on met enfuite pareille quantité de compofition, que
lon bat continuellement en augmentant d’un coup feulement , c’eit-
à-dire, qu’au lieu de fix on en frappe fept ; on remet encore de la
compofition , toujours en même quantité , que l’on frappe tout de
nouveau, en augmentant d’un coup à chaque fois, ainfi de fuite, tant
que