300 LE BOMBARDIER FRANÇOIS:
plus fin ; obfervant qu’il n’y ait point de nœuds ni bourre ; on le trem-
pe dans de l’eau, où l’on aura fait fondre un peu de falpetre , pour
affermir l’étoupille : on roule & déroule cette petite meche. dans du
poulverin humecté d’eau-de-vie, tant qu’elle foit bien imbibée , après
cela on la met fecher fur une planche. Pour juger de la bonté de l’é-
toupille , on en prend un bout d’environ un pied de longueur, & il
faut que mettant le feu à un bout, il fe porte en même tems à l’autre;
au lieu que s’il n’agit que lentement , c’eft une preuve que la meche
n’eft pas bien imbibée de Poulverin, ou qu’elle n’eft pas feche.
L’étoupille fert à jetter des bombes fans mettre le feu à la fulée ,on
en prend deux bouts d’environ 30 pouces de longueur , :que l’on at-
tache en croix fur la tête de la fufée , où l’on fait quatre petites en-
tailles , ce qui forme quatre bouts qui tombent dans la chambre du
mortier , que l’on charge de poudre feulement fans terre ; on peut
cependant fe fervir d’un peu de fourrage pour arranger la bombe:
mettant le feu à la lumiere du mortier, il fe communique à l’étoupille
qui le porte à la fufée ; de cette maniere la bombe ne peut jamais cre-
ver dans le mortier, puifque la fufée ne prend feu que quand elle en
eft fortie : le fervice de la bombe en eft bien plus prompt , puifqu’il
faut beaucoup moins de tems pour charger le mortier qu’avec les pré-
cautions ordinaires. 1 [
On fe fert aufii très utilement des étoupilles pour tirer Ie canon s or
en prend un bout, dont une partie s’introduit dans lalumiere, & l’autre.
fe couche de la longueur d’un ou deux pouces fur la piece. Au lieu
d’amorcer comme à l’ordinaire , on met le feu à l’étoupille qui le porte.
avec tant de précipitation à la charge , qu’il n’elt pas poflible de fe ga-
rantir du boulet ; au lieu qu’en amorçant avec de la poudre , on ap-
perçoit de loin le feu de la traînée, ce qui donne le tems d’avertir
avant que le boulet parte, & c’eft ce que font les fentinelles que l’en-
nemia coûtume de pofer exprès pour crier bas, lorfqu’ils voyent mettre;
le feu au canon. D'ailleurs l’étoupille donne Moins de fujettion que
l’amorce, lorfqu’il pleut ou qu’il fait beaucoup de vent, {
Compofition des Tourteaux & Fafcines godronnées.
_ On fe fert de vieilles cordes ou de meches, que l’on fait battre pour
en ôter la pouiliere & les preparer à simbiber de la compofition fui-
vante.
On fait fondre douze livres de poix blanche ou refine , dans une
marmite de fer; après y avoir trempé les cordes , on les retire pour les
éten-