ATLAS SAHARIEN 93
n'être pas inexacte. J’en suggérerais volontiers une autre avec
les Basin Ranges des États-Unis, sans être d’ailleurs autrement
sûr de ce que j’avance. Cet enfouissement de l’Atlas saharien sous
ses propres débris, il est curieux qu’on ne l’ait, je crois bien, jamais
mentionné. Il pourrait bien être pourtant la caractéristique la
plus importante de la chaîne, celle qui explique les autres, au
moins pour une bonne part.
Lien entre les deux. — Et par exemple n’est-il pas en relation
de cause à effet avec l’autre grande caractéristique, la simplicité
des plis. Les théoriciens de la tectonique, en étudiant les plisse-
ments de l'écorce terrestre, sont arrivés à cette conclusion qui
est de simple bon sens. Un pli donné est d'autant plus accusé
qu’on l’envisage à une profondeur plus grande dans l’épaisseur de
l'écorce. Il est toujours léger dans les couches superficielles ?.
Une chaîne comme les Alpes apparaît de tectonique très com-
pliquée, parce que l’érosion actionnée par le niveau de base marin,
a mis au jour le cœur profond des plis.
Il en est de même de l’Atlas tellien. Mais l'Atlas saharien, de
modelé désertique, a conservé au contraire des parties importantes,
ou en tout cas des traces encore reconnaissables de la surface
structurale primitive; c’est-à-dire une simplicité de dessin général,
dont nous ne savons pas ce qu’elle masque en profondeur.
À vrai dire elle pourrait bien masquer une allure tectonique
assez différente, à profondeur égale, de ce qu’on observe dans l'Atlas
tellien. Les cartes paléogéographiques ont déjà montré qu’il y
a une différence essentielle de nature entre le géosynclinal tellien
et le socle continental de l’Atlas saharien. Il est naturel d’admettre
a priori que la réaction aux compressions latérales n’a pas été la
même de part et d'autre. Là-dessus nous pourrons emprunter
quelques lignes à un géologue M. Joleaud?.«Dans le nord de l'Afrique
Mineure qui a conservé pendant toute la durée des temps ooli-
thiques et crétacés un caractère nettement géosynclinal, les forces
tectoniques se propagèrent à travers une puissante série bathyale,
en donnant naissance partout à des plis bien accusés. Dans le centre
et le sud les mouvements orogéniques tertiaires se transmirent
à travers des dépôts néritiques formant un ensemble bien moins
développé en hauteur. » M. Joleaud pense que dans cette zone
des dépôts néritiques, ou du socle continental, la plate-forme
1. No 82, p. 503, fig. 233.
2. No 70, p. 351,