106 STRUCTURE DE L'ALGÉRIE
celle des chotts. Il lui en manque seulement les caractéristiques
populaires.
Pour le but que nous poursuivons, cette lacune est un avantage
précieux. L'absence, ou la pauvreté, du remplissage alluvionnaire
laisse apparaître au jour les parois de la cuvette, et par conséquent
sa structure. Le Tigri est donc un type excellent de cuvette fermée
parce qu'elle est aux trois quarts vide. De même que Tendrara,
parce qu'il est net d’alluvions, est un bon type de haut plateau.
Le manteau alluvionnaire. — Pourquoi la cuvette est vide il
est aisé d'en rendre compte. C’est essentiellement que la cuvette
fermée du Tigri est un bassin fluvial tout petit. Le chott Melr'ir,
à côté de Biskra, reçoit l’oued Djedi, qui vient de Laghouat, et
l'Igharghar, qui vient du Hoggar : c’est un bassin d’alimentation
immense comparable par son étendue à celui du Danube ou du
Rhin. Les autres chotts Algériens, le Hodna, les Zahrez, les chotts
R’arbi et Chergui n’ont pas un bassin aussi gigantesque; ils drainent
cependant des portions importantes de l'Atlas. Mais le Tigri à
proprement parler ne draine rien du tout. Il est à peu près comple-
tement réduit aux pluies qui lui tombent du ciel directement
dans son enceinte de falaises, Il n’est pas la zone d'épandage d’un
grand oued sérieux, venu de loin.
Il faut noter qu’à ce point de vue la situation du Tigri est allée
en empirant depuis le quaternaire. Son bassin de réception, qui a
toujours été extrêmement médiocre, a été réduit encore, dans de
très fortes proportions, par des captures. Aujourd’hui le seul oued
qui aboutisse au Tigri (l’oued Mazzer coin nord-ouest), a tout au plus
20 kilomètres de long. Le système de cet oued Mazzer, avant les
captures qui l'ont amputé, pouvait avoir une superficie double ou
triple de l'actuelle, Ce n’était déjà pas grand’chose; mais enfin
la décadence est actuellement sensible.
L’exiguïté croissante du bassin de réception a deux conséquences,
qui ont tendu l’une et l’autre à restreindre l’épaisseur du manteau
alluvionnaire.
Et d’abord le Tigri n’a pas gardé beaucoup d’alluvions parce
qu'il n’en n’a jamais reçu beaucoup. Il n’a jamais été comme
d’autres chotts, la zone d'épandage où sont venus se concentrer
les débris des chaînes lointaines.
Mais par surcroît les alluvions quaternaires, telles quelles, qui
s'étaient accumulées dans la cuvette, le Tigri, sous le climat actuel,
se trouve très mal outillé pour les défendre contre la pulvérulence