CHAPITRE III
LE FAISCEAU DES PLIS
La question se pose maintenant s’il faut continuer dans cette
voie, essayer de disséquer fibre à fibre les plissements de l'Atlas
tellien, comme on a cherché à le faire pour quelques cas particu-
lièrement nets et intéressants, la sierra des Kabylies, la chaîne
des Biban, la sierra du Hodna.
Cette tentative ne serait pas nouvelle; elle a été faite avec la
collaboration de l’homme qui était le plus qualifié pour l'oser,
M. Ficheur {. Avec le travail de M. Ficheur sous les yeux, on
peut tracer sur une carte schématique les coulisses de l’Atlas,
chacune avec sa longueur et sa direction. On obtient un faisceau
de traits plus ou moins parallèles, qui se suivent ou se relaient.
Leur dessin général parle à l'imagination et permet de se repré-
senter les directions des forces plissantes depuis que le géosynclinal
existe.
Seulement, il ne faut pas se dissimuler que ce schéma, nécessai-
rement, est plus ou moins faux. Il additionne des quantités qui
ne sont pas de même ordre, il groupe ensemble, sans crier gare,
des accidents qui n’appartiennent pas du tout à la même catégorie.
On a déjà dit que le travail de M. Ficheur énumère dans un
même enchaînement, sous des numéros successifs, 1, 2, 3, des
éléments aussi peu comparables que les causses de Tlemcen et de
Saïda d’une part, et la sierra du Hodna de l’autre.
Un autre exemple fera peut être saisir mieux encore la pensée.
Il est indéniable que par-dessus le plateau de Médéa, la vallée de
la Soummam prolonge en direction le Chéliff. Mais quoi : accordera-
t-on qu’on puisse, sous ce prétexte, les mettre dans une même caté-
gorie? Tout les oppose. La Soummam est couverte d’une immense
épaisseur de dépôts continentaux qui remontent à l’oligocène.
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