150 STRUCTURE DE L'ALGÉRIE
oublier la distinction touristique et économique entre les deux
grandes régions.
La série des cartes paléogéographiques nous a permis de con-
stater combien cette distinction remonte loin dans le passé (fig. 9,
10:11).
Dès l'oligocène, mais surtout à partir du miocène, le Tell oriental
et l’occidental accusent, par rapport au bras de mer algérien
des tendances inverses, l’un à l’émersion et l’autre à l’immersion.
De part et d’autre de la grande dorsale, les deux Tells ont été deux
compartiments distincts dont l’un s’est effondré par rapport à
l’autre, ou l’autre exhaussé par rapport à l’un, ce qui revient
naturellement au même.
Ces mouvements inverses ont des conséquences considérables
qu'il faut souligner. On les énumérera d’abord dans le Tell oriental.
Tell oriental. — La plupart des coulisses de l'Atlas tellien que
nous avons déjà étudiées se trouvent appartenir au Tell oriental.
La sierra des Kabylies, comme d’ailleurs les massifs anciens kabyles,
la chaîne des Biban, la sierra du Hodna. Il suffit donc de résumer
ce qui a déjà été dit.
A l'exception unique de cette dernière chaîne, la sierra du
Hodna, le Tell oriental est un faisceau de plis pyrénéens, encore
reconnaissables, au front duquel des lambeaux importants de Tyr-
rhénide sont restés accolés.
La plus grande partie du Tell oriental est émergée depuis
le début de l’oligocène; elle l’est restée sans interruption; un climat
désertique ou steppien y a favorisé la persistance de bassins fer-
més pendant la plus grande partie de cette longue durée. Aussi
est elle encroûtée de dépôts continentaux sur d'immenses espaces.
On connaît déjà le développement des dépôts de ruissellement
oligocènes autour des Biban (fig. 30). Au sud des Biban, bien
entendu, sur l’emplacement de la chaîne du Hodna, les poudingues
oligocènes ont été pour une bonne part enfouis au fond du bras
de mer cartennien, recouverts de sédiments marins, emballés
avec eux dans le plissement et la surrection de la chaîne. Au nord
en revanche, dans la plaine des Béni-Sliman, dans la vallée du Sahel
et de la Soummam jusqu’à Bougie, le bloc des dépôts continentaux
n’a pas été trop dérangé : il est encore là puissant, continu et massif,
largement étalé entre la chaîne des Biban et le Djurdjura, comme
un coup d’œil sur la carte géologique au 800 000€ permet de le
constater. Notez que l’âge oligocène (aquitanien) de ces dépôts