LES PLAINES ORANAISES 159
coefficient plus élevé, parce que nous sommes ici dans la partie
la plus large, la plus profonde et la plus instable du même géosyn-
clinal occidental néogène.
Voilà qui pourrait déjà suffire, sans qu’ilsoit nécessaire d'ajouter
quoi que ce soit. Mais il faut montrer comment cette jeunesse de la
plaine a sa répercussion sur son hydrographie et son modelé.
Hydrographie de la plaine. — Qu'on jette un coup d'œil sur
la carte des plaines sublittorales à l’ouest du Chéliff. Elle est très
curieuse par l’inexistence du drainage (fig. 29).
Les deux seuls grands oueds que l'Atlas déverse dans la plaine
sont le Sig et l'Habra (dont la réunion constitue la Macta).
L'un sort des montagnes à Saint-Denis, l’autre à Perrégaux :
à partir de là, dès qu'ils s’engagent dans la plaine ils n’ont plus
de lit, ils se perdent et s’étalent dans une zone d'épandage. On les
voit se prolonger sur la carte par des « endiguements » rectilignes,
dont l'allure géométrique et le nom montrent l’origine humaine
et artificielle. Cette zone d'épandage, commune au Sig et à l'Habra,
dans sa partie la plus creuse, s'appelle marais de la Macta. C’est
au delà seulement, vers le pont de la Macta, à 1 500 mètres de
la mer, qu’un lit fluvial s’individualise de nouveau à travers l’obs-
tacle des dunes côtières.
La rupture du barrage des Cheurfa, en 1885, a suffi pour substi-
tuer aux anciens endiguements un lit nouveau tout à fait aberrant,
qui a donc exactement vingt-cinq ans d'existence 1.
La totalité des plaines oranaises est à ce régime-là.
Depuis l'embouchure du Chéliff jusqu’à celle du Rio Salado,
qui coule à l'extrémité occidentale des plaines et qui leur est déjà
étranger, sur une distance totale d'environ 150 kilomètres, il en
est partout de même. Aucune rivière n’arrive à traverser la plaine
dans un lit nettement individualisé,
Toutes, le Tilélat par exemple, l’oued el-Tine, finissent dans
des zones d’épandage.
Entre les marais de l’oued el-Tine, qui est à l’est de Relizane,
et la sebkha d'Oran, qui est à l’ouest de la ville, on rencontre
d'innombrables cuvettes sans écoulement, où l’eau s'étale en
hiver, et disparaît en été plus ou moins complètement. On des
appelle sebkhas lorsque l’eau est salée, dayas lorsqu'elle est
douce (Dayat Oum-Rebiaz, où se jette le Tlélat; Dayat-Morselli,
1. N° 6, feuille Saint-Louis (154),