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LES PLAINES ORANAISES 161
Au désert la Sebkha d’origine climatique est le point le plus
bas d’un bassin fermé, où l’eau à bout de course, ne peut disparaître
que par évaporation, en déposant ses résidus chimiques. Les dayas
sont d’eau douce, parce que, à défaut d’effluents visibles, elles
en ont de cachés; elles sont un anévrisme superficiel de la circu-
lation souterraine. Au rebours des sebkhas, elles ne sont nulle-
ment pour les eaux un point d’aboutissement, mais un lieu de
passage. Apparemment il n’y a pas dans le Tell oranais une seule
sebkha véritable, d’origine climatique; ces multiples lacs salés,
alternant avec des lacs d’eau douce, dans la même grande plaine
d’alluvions, ne peuvent pas être, chacun pour son compte, autant
de petits bassins fermés; tout cela doit être relié souterrainement
par des nappes qui ont leur écoulement.
Nous sommes dans un pays où il arrive à l’eau [courante
aussi d’être salée : (Rio Salado, ce qui est la traduction espagnole
de l’arabe oued el-Melah, si fréquent dans toute l'Algérie). Dans
le. Tell, la salure des eaux est en relation notoire avec les affleu-
rements triasiques. Les géologues admettent que, dans la plaine
oranaise, les sebkhas décèlent en surface la présence de pointe-
ments triasiques à une profondeur plus ou moins faible.
Le trias algérien, abondant en sel, en gypse, en substances
solubles, est souvent caverneux, d’une richesse extraordinaire
en avens, un terrain de choix pour la circulation souterraine. Sur
les cartes détaillées. au 50 000€ de la région oranaise, on voit,
en effet, des cuvettes brusques et profondes, qui ont tout à fait
l'allure d’avens obstrués : sur la feuille 153 (Oran), par exemple,
au nord-est d’Arcole, un trou brusque, vaguement circulaire, à
bords déchiquetés, de 1 kilomètre de diamètre, profond de 50 mètres,
et au fond duquel, sur des alluvions, se trouve installée une ferme.
Sur la même carte aux portes d'Oran, la dayat Morselli, ou « petit
lac », paraît bien avoir le même caractère; elle est encaissée au
fond d’un trou bien net.
Dans toute la région on peut admettre que la présence d’un
sous-sol triasique, soluble, caverneux et instable, a pour consé-
quence, non seulement la salure des eaux, mais encore l'allure
générale de l’hydrographie superficielle. Malgré la différence des
terrains il y aurait quelque analogie entre cette hydrographie et
celle dont le karst illyrien a fourni le type classique.
Cette explication est celle des géologues, encore bien qu’au-
cun d’eux, je crois, ne l’ait formulée nulle part; mais elle se devine
E.-F. Gaurier. — Structure de l'Algérie. 11