162 STRUCTURE DE L'ALGÉRIE
aisément à la lecture de leurs cartes, et ils la développent volon-
tiers en conversation. En tout état de cause, elle conservera sa
valeur, au moins partiellement; mais elle me paraît insuffisante.
Les plaines oranaises sont, par l'intermédiaire de la plaine
du Chéliff un prolongement de la Mitidja, c’est le même ensemble
des plaines sublittorales de l'Algérie occidentale. Nous savons
par les géologues qu’il est édifié tout entier sur le même plan.
Entre la Mitidja et les plaines oranaises la différence est dans
le degré d'intensité, mais l’âge du plissement est le même, éton-
namment récent. Qu’à une surrection toute récente hors des eaux
de la mer corresponde une hydrographie indécise, et que cette
indécision soit plus marquée justement là où le bloc exondé est
de superficie plus importante, quoi de plus naturel. L’hydrographie
est inachevée parce qu’elle est jeune, les rivières n’ont pas eu le
temps de s’individualiser.
Ces plaines oranaises, parsemées de sebkhas et de dayas,
s'expliquent par une convergence de causes diverses. Comme
tous les phénomènes naturels celui-ci est complexe. Il ne faut
assurément pas oublier la sécheresse du climat. Il faut faire la
part du trias qui a favorisé la circulation souterraine des eaux.
Mais une part importante dans l'explication du phénomène, et
probablement la part la plus considérable, revient à l'extrême
jeunesse du régime fluvial. En d’autres pays, comme la Finlande
ou le Canada, cette extrême jeunesse a les mêmes conséquences
qu'en Oranie; engorgement du réseau, écoulement difficile des
eaux stagnantes, chapelets et archipels d’étangs et de lacs. Tout
cela mutatis mutandis, bien entendu, et pourvu qu’on ne perde
pas de vue les énormes différences de climat et de sol.