Full text: Structure de l'Algérie

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LES RÉGIONS NATURELLES ALGÉRIENNES 217 
Quoiqu'on ne l'ait jamais exposé nettement ce doit être une 
ligne de grande importance au point de vue climatique. La famine 
de 1921 a un rapport avec elle ; elle a épargné l’Aurès et les Kabylies, 
ç'a été une famine zénète. Les études de l’Institut Pasteur sur les 
sauterelles, lorsqu'on se décidera à les publier, feront ressortir 
cette limite à laquelle les grandes invasions d’acridiens marquent 
toujours un temps d'arrêt. C’est l'importance climatiqueassurément 
qui en fait la valeur humaine. 
Sur cette ligne deux humanités, ou en tout cas deux cultures, 
s'affrontent depuis les temps les plus reculés. Avant l’histoire, à 
l’époque des plus anciens tombeaux, dolmens et tumulus, l’arc 
Biskra-Tlemcen sépare déjà deux provinces tout à fait distinctes. 
La mission ethnographique Frobenius, qui à parcouru l'Algérie 
en 1914, l’a reconnu immédiatement *; et on ne peut pas soupconner 
M. Frobenius, dont l'ignorance ou le dédain de la bibliographie 
est fantastique, d’avoir emprunté cette idée à ses prédécesseurs. 
Elle s’est imposée à lui comme à eux ? Au nord de l’arc Biskra- 
Tlemcen sont les cimetières de dolmens, au sud les grossiers tumulus 
de cailloux éparpillés isolément. Aujourd’hui ce même arc sépare 
les grands nomades chameliers des paysans Kabyles et des petits 
nomades moutonniers: le Zénétie de langue arabe, et le bloc Berbéro- 
phone dissocié en archipel. Les Romains dont l'empire en Afrique 
du Nord a duré cinq siècles, ont été plus dociles à l’évidence des 
faits que notre jeune administration française. Leur limes allait de 
Biskra à Tlemcen. 
Ce grand arc montagneux est composite. Il est assemblé de 
bouts de chaîne discontinus entre l’Aurès et l’Ouarsenis: à son 
extrémité occidentale entre la Mina et la Moulouya, c’est le rebord 
de grands causses, plus ou moins couverts de pinèdes, du sommet 
desquels on descend dans le Tell par de larges brèches. Ce chapelet 
de montagnes n’a pas plus de nom que d'unité. Et il faudrait 
cependant pouvoir nommer l’axe géographique de l'Algérie. Ne 
pourrait-on pas l’appeler la chaîne du limes® 
On soulignerait ainsi son rôle historique. Mais il ne faut pas 
oublier qu’il est aussi, malgré son aspect hétéroclyte une réalité 
géologique extrêmement simple; puisque c’est le rebord Nord- 
Oriental du horst algérien. Il n'y a guère de coin sur la planète où 
le lien entre la géologie et l’homme soit plus manifeste. 
d.:42 "Dis #D::3 29: 
2. 53 bis, p. 9. 
 
	        
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