LA BRÈCHE DE BISKRA ET LA CROISÉE DU DJERID 30
que Tiaret d’une part, et d'autre part Cedrata, près .d’Ouargla,
le djebel Nefouça en Tripolitaine. Ç’a été les points importants
du royaume Berbère ibadhite. Dans ces mêmes limites un peu
vagues, entre la Tripolitaine et Tiaret, nous voyons d’après Ibn
Khaldoun jusqu’au xrve siècle une race Zénète homogène, groupée.
L’axe de l’ibadhisme et de la Zénétie passe parle seuil de Biskra.
C’est seulement par cette voie de communication entre le nord-
ouest et le sud-est qu'on arrive à imaginer la distribution des
Ibadhites et des Zénètes.
Le seuil de Biskra fut la porte d’entrée de toutes les invasions
arabes. Sidi Okba, qui conduisit la première, est enterré à Biskra,
où il fut tué. La seconde, celle des bédouins Hilaliens au xrre siècle,
a repris le même chemin. La capitale du royaume Berbère, qui les
tint le plus longtemps qu’elle put en échec, fut la Kalaa des Beni-
Hammad; elle dressait son « fanar », sa tour de guet, encore debout,
juste en face du seuil de Biskra, de l’autre côté du chott, sur les
pentes-sud du Maadid!,
Contre les Arabes, l’Aurès fut la citadelle berbère? I] l’est resté.
Le seuil de Biskra est une limite linguistique et nationale. Il n’a
jamais cessé, depuis deux millénaires, d’être une frontière entre
pays diversement habités, puisque, sous la domination romaine,
le limes y passait, approximativement ?,
Ce n’est donc pas douteux, le grand accident saharien de l’Ighar-
ghar, comme les deux précédents, pénètre dans l’Atlas: et il ÿ
devient lui aussi un principe extrêmement important de différen-
ciation. Il faut simplement noter une nuance. Cette puissance
de différenciation, la dorsale de Laghouat se trouve l’avoir exercée
surtout dans la zone du Tell, et le sillon de l’Igharghar dans celle
des hauts plateaux.
Ajoutons enfin qu’un quatrième accident saharien se comporte
comme les trois autres. C’est l’épaulement oriental du troisième.
La croisée du Djerid (fig. 6). — Le synclinal de l’oued R'ir et
du bas Igharghar, a pour épaulement oriental la crète des
Matmatas qui court nord-sud sur la frontière de la Tunisie et de
la Tripolitaine. La dénivellation comme dans le reste du Sahara
algérien, est lente, progressive, mais considérable au total. Touggourt
est à 60 mètres d’altitude, dans les Matmatas un sommet atteint
750 mètres. Cette ondulation anticlinale, lente et puissante, de
1. No 25, passim.
2. N° 63, carte in fine.