CHAPITRE II
L'ALGÉRIE BRAS DE MER
Au Secondaire, l'Algérie commence à être ce qu’elle est restée,
la chaîne plissée de l'Atlas.
On voit apparaître les deux môles résistants du nord et du sud,
le môle tyrrhénien et le saharien.
Entre ces deux mâchoires d’étau, l'Algérie tend à s’écraser.
Elle devient ce que les géologues appellent un géosynclinal, une
charnière de l’écorce terrestre, une ligne de moindre résistance
et par conséquent de plissement.
Géosynclinal, partie déprimée de l'écorce terrestre, et par
conséquent bras de mer, où les sédiments s'accumulent et par
leur poids incessamment accru détruisent éternellement l’équilibres
empêchent la cicatrisation de la cassure et récréent sans cesse
l'instabilité.
Un bras de mer, un détroit, avec des rivages changeants, avec
des alternatives d’émersion et d'immersion partielles ou totales;
c'est une définition acceptable de l'Algérie depuis le début du
secondaire à peu près.
Son histoire depuis ce temps-là est pour une bonne part (la
part des immersions), l’histoire des bras de mer successifs qu’elle
a été. Or ces bras de mer successifs, ou du moins beaucoup d’entre
eux, les géologues les ont reconstitués et en ont tracé des cartes
paléogéographiques. Les reproduire, les comparer, voir ce qui
résulte de leur rapprochement, c’est l’objet du présent chapitre!
(fig. 7 à 11).
Bras de mer cré‘acé. — Les étages du lias et du jurassique
sont représentés en Algérie par des dépôts à tout le moins très
apparents. Ce sont surtout des calcaires massifs, durs, que l’érosion
1. Les premières en date, qui sont, de M. Savornin, ont été publiées dans un
article de E.-F. Gautier. Cf. nos 113 et 46.