Full text: Structure de l'Algérie

L'ALGÉRIE BRAS DE MER 47 
Dans ce bras de: mer: éocène, « à une époque qu'il est difficile 
de préciser exactement, le géosynclinal tellien a fortement rejoué » !. 
Des plissements intenses ont beaucoup modifié le tracé des rivages. 
Il est certain qu’à l’éocène moyen et surtout supérieur, le bras 
de mer n’avait plus le même tracé. Mais les géologues ne nous 
disent pas avec précision lequel, ils ne se croient pas encore outillés 
suffisamment pour l’oser ?. Ils affirment pourtant qu’à l’éocène 
supérieur toutes les hautes plaines Constantinoises étaient exondées, 
comme aussi l’Atlas saharien à l’est du Hodna, l’Aurès; le bras de 
mer se renfermait dans les limites du Tell. Il y a déposé des roches 
qui sont d’une extrême importance géographique. C’est un com- 
plexe d’argiles et de grès siliceux. Certains géologues lui appliquent, 
par: analogie avec les Alpes, le nom de « flysch », dont l’exactitude 
est contesté par d’autres, mais qui est commode. Ce flysch algérien 
a deux facies gréseux, le medjanien aux grès rougeâtres fins et 
durs, le numidien aux grès jaunes grossiers et assez tendres #. 
Cette formation, tout particulièrement avec son facies numidien, 
est associée aux boisements superbes des Kabylies, par les réserves 
d’eau que lui vaut la porosité des grès combinée avec l’étanchéité 
des argilés; les grès attirent et groupent les arbres calcifuges et 
silicicoles, les chênes-lièges par exemple. Ils ont ainsi une impor- 
tance immense au point de vue pittoresque et économique. Ils 
portent les grandes forêts aux arbres énormes, qui ont dans un 
pays généralement dénudé le charme de l’inattendu. C’est à eux 
que l'Algérie doit d'occuper un rang intéressant parmi les rares 
pays producteurs du liège. Et si on songe aux phosphates suesso- 
niens il faut conclure que la Berbérie a vraiment à l’Éocène des 
obligations particulières. 
Les géologues donnent au flysch une épaisseur totale d’environ 
700 mètres; c’est une masse puissante, dépôt d’un bras de mer 
encore profond, d’un géosynclinal où les plissements orogéniques 
se sont continués jusqu’à la fin de l’éocène. 
La mer oligocène. — L’éocène, qui a vu en Europe se dresser 
les Pyrénées, est un âge important pour la surrection de l’Atlas. 
À la fin dé l’éocène, c’est-à-dire à l’oligocène, l'Atlas existe déjà, 
ou du moins un Atlas, qui s'est depuis plus ou moins démoli et 
reconstruit, mais qui est constitué, tout brandi, dressé hors des 
t 
1. N° 26, p. 399. 
2. Voir pourtant Savornin, n° 115, p. 418, fig. 91. 
5: CL n 70, D. 198. 
  
 
	        
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